Après s'être enfuis de chez eux pour trouver la sécurité, un nombre croissant d'Afghans sont contraints de vivre dans des conditions extrêmement difficiles dans leur pays, et de lutter pour leur survie sans la perspective d'une issue favorable. Sans pour autant franchir les frontières internationales.
Le nouveau rapport d'Amnesty International intitulé "My Children Will Die This Winter’: Afghanistan’s Broken Promise to the Displaced", apporte un nouvel éclairage sur ces victimes oubliées de la guerre qui se sont enfuies de chez elles et qui restent déplacées à l'intérieur des frontières du pays.
L'Afghanistan et le reste du monde doivent maintenant prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la crise des personnes déplacées dans le pays, avant qu'il ne soit trop tard
Même un animal ne devrait pas avoir à vivre dans un pareil endroit, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Je préférerais être en prison plutôt qu'ici, car au moins en prison je n'aurais pas à chercher de la nourriture et un abri. »
Mastan, une femme de 50 ans qui vit dans un camp à Hérat.
PROMESSES NON TENUES : ENTRE DÉSINTÉRÊT ET CORRUPTION
La politique nationale sur les personnes déplacées à l'intérieur du pays qui a été lancé 2014 énonce clairement les droits de ces personnes et prévoit un plan d'action concret devant être mis en œuvre par le gouvernement afghan.
De nombreuses raisons peuvent expliquer le fait qu'elle n'a pas été appliquée.
- Le gouvernement afghan manque énormément de moyens et de compétences en ce qui concerne les personnes déplacées.
- Le ministère des Réfugiés et du Rapatriement, qui est chargé de coordonner la mise en œuvre de cette politique, manque gravement de moyens et fait l'objet d'accusations de corruption depuis des années.
- La communauté internationale n'est pas intervenue autant qu'elle aurait pu le faire quand le gouvernement afghan n'était pas en mesure de remplir sa tâche.
- Du fait des autres crises qui canalisent l'attention internationale et les fonds des donateurs, l'aide pour l'Afghanistan s'amenuise.
En 2016, 393 millions de dollars étaient nécessaires pour l'aide humanitaire destinée à l'Afghanistan. En mai, moins d'un quart de cette somme avait été obtenue.
DÉPLACÉS ET EXPOSÉS AUX VIOLENCES
Le 18 juin 2015, premier jour du ramadan, un groupe d'hommes armés ressemblant à des militaires ont menacé de détruire avec un bulldozer les abris installés dans le camp de Chaman-e-Babrak à Kaboul.
Un homme âgé a protesté contre cette tentative d'expulsion forcée et demandé à des policiers qui se trouvaient à proximité d'empêcher la destruction des abris. Il a été roué de coups par les hommes armés, ce qui a déclenché une manifestation.
Selon des habitants, la police et les hommes armés ont alors ouvert le feu sur les personnes déplacées, tuant deux personnes et en blessant 10.
L'un des blessés était un garçon de 12 ans. Aucune enquête n'a été menée et personne n'a eu à répondre de ces agissements.
SURVIVRE AU LIEU DE VIVRE
Quand nous sommes malades, je suis alors obligée de mendier de l'argent pour pouvoir aller dans un hôpital privé. Nous n'avons pas d'autre solution. »
Une femme de 50 ans qui vit à Hérat
Ici, la nourriture c'est un luxe, personne n'a les moyens d'en acheter. Nous nous nourrissons principalement de pain et des légumes pourris trouvés au marché. La dernière fois que nous avons reçu une aide alimentaire, c'était avant l'hiver dernier et nous avons eu trois sacs de blé. »
Raz Muhammad, dirigeant d'une communauté dans le camp de Chaman-e-Babrak à Kaboul.
NOS DEMANDES
Toutes les parties qui sont intervenues en Afghanistan au cours des 15 dernières années ont la responsabilité de se réunir pour veiller à ce que les personnes que la communauté internationale s'est engagée à aider ne soient pas abandonnées et livrées à un sort encore plus tragique
Les autorités afghanes doivent mettre en œuvre la politique sur les personnes déplacées, et veiller à ce que les ressources nécessaires soient mobilisées à tous les niveaux du gouvernement pour que ce programme soit réellement traduit dans les faits.
Les acteurs internationaux clés présents en Afghanistan doivent également faire davantage en accordant plus d'attention, de ressources et de compétences à la mise en œuvre de cette politique.