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Soudan du Sud. Le Service national de la sûreté doit libérer immédiatement un dissident maintenu en détention arbitraire

Les autorités du Soudan du Sud doivent se conformer à la directive du ministre de la Justice et libérer immédiatement Morris Mabior Awikjok Bak, détracteur du gouvernement détenu arbitrairement depuis plus de 400 jours, a déclaré Amnesty International le 11 juin 2024.

Arrêté arbitrairement au Kenya le 4 février 2023, Morris Mabior Awikjok Bak a été renvoyé de force au Soudan du Sud le lendemain, où il a été détenu à la « Blue House », le siège du Service national de la sûreté (NSS), à Djouba. En avril 2024, il a été inculpé de diffamation à l’égard du directeur général du NSS, Akol Koor Kuc. Alors qu’il a été libéré sous caution ce mois-là pour cette affaire de diffamation, le NSS le maintient en détention sous prétexte d’enquêter sur de possibles crimes qu’il aurait commis contre l’État. Le 10 juin, le ministre de la Justice, Ruben Madol Arol, a ordonné la libération de Morris Mabior et annulé l’accusation d ‘« outrage au président et atteinte à l’autorité du chef de l’État ».

Morris Mabior Awikjok Bak a été détenu au secret pendant trois mois au moins à la suite de son arrestation, période pendant laquelle, selon des membres de sa famille, il a été placé à l’isolement et soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

« Amnesty International salue la décision du ministre de la Justice d’annuler les accusations sans fondement portées contre Morris Mabior Awikjok Bak. C’est insensé qu’il soit détenu illégalement depuis plus d’un an et qu’on lui refuse les visites normales des membres de sa famille, ainsi que l’accès à des soins médicaux, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.

C’est insensé qu’il soit détenu illégalement depuis plus d’un an et qu’on lui refuse les visites normales des membres de sa famille, ainsi que l’accès à des soins médicaux

Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International

« Le maintien en détention arbitraire de Morris Mabior Awikjok Bak constitue une violation du droit international relatif aux droits humains et du droit sud-soudanais. Il s’agit d’un abus de pouvoir flagrant de la part des autorités du Service national de la sûreté (NSS). Il doit être libéré immédiatement et sans condition. »

La détention de Morris Mabior Awikjok Bak aux mains du NSS, sans procès, enfreint le droit international relatif aux droits humains, qui requiert qu’une personne arrêtée soit présentée rapidement devant un juge et jugée dans un délai raisonnable, ou qu’elle soit libérée. En outre, cela bafoue ses droits tels qu’ils sont garantis par la Charte des droits de la Constitution du Soudan du Sud de 2011.

Le maintien en détention arbitraire de Morris Mabior Awikjok Bak constitue une violation du droit international relatif aux droits humains et du droit sud-soudanais

Sarah Jackson

Enfin, les autorités sud-soudanaises doivent prendre des mesures supplémentaires afin de garantir la sûreté et la sécurité de Morris Mabior Awikjok Bak une fois qu’il sera libéré, et veiller à ce que ses droits ne soient pas piétinés.

Complément d’information

Le 16 avril 2024, Morris Mabior Awikjok Baka est apparu en public pour la première fois depuis son arrestation, dans un tribunal de Djouba, où il a été inculpé de diffamation à l’égard du directeur général du Service national de la sûreté (NSS), Akol Koor Kuc. Lors de sa deuxième comparution devant le tribunal le 24 avril, le juge de première instance a déclaré que Morris Mabior avait déjà été libéré sous caution et qu’il ne savait pas pourquoi il était escorté et détenu par des agents du NSS.

Amnesty International a recensé de nombreux cas de détention arbitraire orchestrés par le NSS dans divers centres, où les prisonniers sont souvent soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements ; certains sont détenus au secret sans pouvoir consulter un avocat ni communiquer avec leurs proches. Le réseau d’espionnage du NSS s’étend à travers l’Afrique de l’Est afin d’atteindre ceux qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. Ainsi, en 2017, Dong Samuel Luak et Aggrey Ezbon Idri ont été victimes d’une disparition forcée à Nairobi, au Kenya, et par la suite tués au Soudan du Sud, a conclu le Groupe d’experts des Nations Unies. 

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